Le relèvement faisant suite à des destructions de grande ampleur peut offrir une chance unique de repenser tout le secteur de la santé et de le planifier en adoptant une approche globale et rationnelle. Dans de nombreux pays, le secteur de la santé connaît une croissance organique au fil des ans, et est façonné par d’innombrables décisions d’ordre politique et économique qui n’ont aucun lien les unes avec les autres. Même dans les pays où l’approche des soins de santé primaires domine le discours depuis longtemps, certaines distorsions, comme le biais en faveur de l’hôpital, peuvent persister avec force, car certains y ont largement intérêt. Dans certains cas, les autorités reçoivent des volumes de fonds importants pour remédier aux principales distorsions de l’allocation. L’atmosphère de changement qui règne dans une telle situation peut amoindrir la résistance de ceux qui souhaitent préserver le statu quo.

De  plus, étant  donné  l’optimisme  qui  caractérise  habituellement les  phases  de  reconstruction,  il  faut veiller  à  ne  pas  prendre  de  décisions  d’investissement  à  la  légère  parce  qu’on  peut  raisonnablement envisager de bâtir un secteur de la santé équitable et viable (à long terme), même si cet objectif demeure ambitieux. La refondation du secteur de la santé doit aller au-delà des aspects matériels, qui monopolisent en général l’attention des décideurs. Pour saisir cette opportunité et revoir l’évaluation de tout le secteur, il faut aussi revoir les systèmes juridiques, réglementaires et de gestion, ainsi que les modèles de prestation des soins. Si la refondation du secteur repose sur une bonne compréhension de la situation, elle peut être un succès. Inversement, les changements inspirés de recettes importées, souvent sans avoir été testées, et imposées par des acteurs extérieurs dont le seul mérite est d’apporter un soutien important, sont souvent voués à l’échec. Un compromis équilibré entre le point de vue des acteurs du secteur qui connaissent bien le pays et celui des acteurs extérieurs familiarisés avec les promesses et les écueils des processus de transition devrait permettre de déboucher sur une stratégie de relèvement raisonnable et efficace.

Dans la plupart des cas, le relèvement d’un secteur de la santé en crise requiert:

  1. D’étendre la  prestation  des  services  de  manière  à  couvrir  les  zones  et  les  populations negligées; dans certains cas, le processus suppose de fusionner des services de santé jusque- là cloisonnés.
  2. D’améliorer la technicité des soins proposés ; les usagers doivent pouvoir accéder aux actes chirurgicaux de  base,  aux  services  de  laboratoire  et  autres  aides  au  diagnostic,  ainsi  qu’à l’hospitalisation.
  3. D’adopter de nouveaux modèles de prestation des services si les modèles appliqués sont jugés obsolètes à la lumière des nouveaux besoins résultant de l’évolution de l’environnement.
  4. D’augmenter le rendement des facteurs absorbés par le processus de prestation, de manière à dégager des ressources qui pourront profiter aux actions mentionnées ci-dessus.

Ainsi, refonder un secteur en crise suppose d’en améliorer l’équité, l’efficacité, l’adéquation et l’efficience. Ces aspects peuvent recevoir des degrés d’attention différents selon les perceptions et les priorités des décideurs, ainsi que les limites de leur action.

  • Étendre la prestation des services de manière à couvrir les populations négligées peut séduire davantage les hommes politiques que les professionnels de la santé, lesquels se soucient souvent davantage de la qualité des soins.
  • Il est possible d’apaiser le mécontentement local en construisant une infrastructure de santé financée par les organismes d’aide à titre de mesure d’instauration de la paix.
Papier pour la conférence académique internationale tenue par Radjab BIGIRIMANA ce 20/02/2021

Author: Radjab BIGIRIMANA

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