En Afrique les secteurs pétrolier, gazier et minier constituent les principales sources de revenus des états africains et donc le moteur conducteur de l’économie du continent car les combustibles minéraux (charbon, pétrole) représentent-ils plus de 90% des recettes d’exportation pour la Guinée équatoriale ou le Nigeria. Les minéraux comptent pour 80% dans celles du Botswana (diamant, cuivre, nickel, carbonate de soude, or), du Congo Brazzaville (pétrole), de la République Démocratique du Congo (diamant, pétrole, cobalt et cuivre), du Gabon (pétrole, manganèse), de la Guinée (bauxite, alumine, or et diamant), de la Sierra Leone (diamant) et du Soudan (pétrole et de l’or). Les minéraux et les combustibles minéraux représentent plus de 50% des recettes d’exportation du Mali (or), de la Mauritanie (minerai de fer), du Mozambique (aluminium), de la Namibie (diamant, uranium, or et zinc) et de la Zambie (cuivre et cobalt).
A titre illustratif, selon des estimations récentes, le pétrole représente à lui seul 40% de la production mondiale d’énergie et un chiffre d’affaire d’environ 2000 milliards d’euros (Mvomo Ela W. ; 2005 :7). Au regard des tendances actuelles, les importations d’énergie devraient s’élever à 70% des besoins, et à 90% pour le pétrole (Mvomo Ela W. ; 2005 :7).
A l’horizon 2020, les hydrocarbures, c’est-à-dire le pétrole et le gaz, resteront les énergies dominantes et devraient encore couvrir 60% des besoins en énergie commerciale (Favennec JP ; 2002 :537). Sa consommation continuera à augmenter dans les prochaines années, car les besoins de transport augmentent, et il semble peu probable que des carburants alternatifs puissent massivement remplacer l’essence et le gaz (Favennec JP ; 2002 :537).
Pour le cas spécifique du Niger, l’exploitation récente de nouveaux gisements d’uranium et de pétrole génèrent des flux de revenus supplémentaires substantiels. La contribution du secteur minier et pétrolier aux recettes budgétaires est estimée à 13% en 2012 et se situe à 26% en 2016, alors qu’elle n’était que de 6% sur la période 1990- 2005 (Institut national de la statistique, 2013).
L’exploitation de l’uranium est réalisée par deux sociétés filiales10 du groupe nucléaire français AREVA et la Société des Mines d’Azelik (SOMINA). En 2009, AREVA obtient l’exploitation du gisement d’Imouraren12 dont les réserves s’établissent à 200 000 tonnes pour une production moyenne annuelle située entre 5000 et 6000 tonnes. L’exploitation de ce gisement (le plus grand d’Afrique) place le Niger au deuxième rang mondial des pays producteurs d’uranium.
La production du pétrole quant à elle a démarré en novembre 2011. L’exploitation est régie par un accord de partage de production entre l’Etat du Niger (40%) et une société chinoise, la China National Petroleum Company (60 %). Le contrat d’exploitation a permis le développement du champ pétrolier d’Agadem, la construction de la raffinerie de Zinder (SORAZ) reliée aux champs pétroliers par un pipeline. Actuellement, la demande intérieure est estimée à environ 7000 barils par jour, le reste de la production (13 000 barils/jour) étant alors destinée à l’exportation. A partir de 2017, la production du pétrole brut a atteint 80 000 barils/jour dont 60 000 sont exportés à travers le pipeline via le Tchad. Les réserves de pétrole, initialement estimées à environ 300 millions de barils peuvent selon les dernières estimations nationales s’établir à 900 millions de barils.
Cependant malgré le rôle phare de ces secteurs, la plupart des gouvernements administrent mal leur secteur pétrolier, gazier et minier actuellement selon l’Indice de gouvernance des ressources naturelles (Ressource Governance Index, ou RGI en 2007), qui mesure la qualité de la gouvernance des secteurs pétrolier, gazier et minier dans 81 pays. Le Niger n’a pas reçu une note excellente surtout pour les ressources minières gérées par la France depuis plusieurs décennies.
-La question est de savoir s’il peut y avoir des chômages au Niger compte tenue d’importantes exploitations minières qui se déroulent actuellement? ;
-Si le gouvernement nigérien gère bien les fonds issus des exploitations minières au profit des emplois directs et indirects?;
-Ces recettes minières sont-elles destinées essentiellement à résoudre les questions de chômages ou pour servir les charges publiques ? ;
-Si ces ressources minières peuvent résoudre les problèmes liés aux emplois et directs?
-Est-ce que ces ressources sont-elles pas prises en otage par les multinationales qui exploitent et rapatrient les fonds chez elles?
-Est-ce que ces ressources minières sont accessibles aux populations africaines notamment le pétrole et le gaz?
Cette situation met en évidence la pertinence de discuter sur « le fait qu’en Afrique les secteurs pétrolier, gazier et minier doivent créer davantage d’emplois directs et indirects ».
Vu l’impératif du temps, nous avons jugé utile de sélectionner un échantillon de 160 personnes dans la Ville de manière aléatoire pour recueillir les données et mieux traiter cette question.
Les hypothèses que nous avons formulées sont les suivantes :
-Hypothèse N°1 : Les importantes exploitations minières qui se déroulent actuellement contribuent partiellement à résoudre les problèmes de chômage au Niger ;
-Hypothèse N°2 : Les recettes minières sont destinées à résoudre les questions
de chômages et les charges publiques ;
-Hypothèse N°3 : Les ressources minières peuvent résoudre les problèmes liés aux emplois directs et indirects avec la bonne gestion des fonds miniers ;
-Hypothèse N°4 : Ces ressources sont prises en otage par les multinationales qui exploitent et rapatrient les fonds chez elles ;
-Hypothèse N°5 : Les ressources minières sont difficilement accessibles aux populations africaines notamment le pétrole et le gaz.
Le but est de :
-Analyser la contribution des secteurs pétrolier, gazier et minier au Niger ;
– Identifier les secteurs dans lesquels les gouvernants dépensent les fonds miniers ;
– Etudier le degré de satisfaction de la population nigérienne par rapport à la gestion des fonds minier.
Papier pour la conférence académique internationale tenue par Mahamadou Souradja. Niger ce 20/02/2021
Author: Mahamadou Souradja