Contribution de l’hygiène et assainissement À la promotion de la sante

Introduction

La santé publique occupe une place particulière dans les sociétés contemporaines. Elle consomme des ressources considérables de l’Etat, mais en même temps remet en cause les formes traditionnelles de l’action étatique, dirigée par un « gouvernement » vers un peuple et un territoire (pour reprendre la définition de l’Etat traditionnel). En 2014, l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest a rappelé aux Etats la porosité des frontières face aux maladies transmissibles et la nécessité, mais aussi les difficultés, à coopérer dans la gestion de ces crises sanitaires dans un contexte de mondialisation et de complexification des enjeux. D’autres domaines comme la lutte contre les maladies chroniques (en particulier les cancers), bien que moins polémiques en apparence, mobilisent aussi les Etats au niveau tant national qu’international. Ainsi, non seulement les questions sanitaires ont acquis une visibilité nouvelle, mais elles ont aussi pris plus que jamais une dimension internationale, pour ne pas dire transnationale. En même temps, la santé publique renvoie à cet « Etat en action » qui cherche à préserver et si possible à améliorer la santé des populations. Pour ce faire, les Etats ont mis en place des institutions aussi bien nationales qu’internationales ; l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), née au lendemain de la seconde guerre mondiale, en constitue certainement la forme la plus aboutie dans le domaine de la santé publique internationale. S’ils sont « partie prenante » de cette dynamique, les Etats doivent désormais composer avec ces nouveaux acteurs – les organisations internationales – qui participent aussi à la prise en charge des enjeux politiques (sanitaires).

Ce travail se donne pour objectif de restituer cet élément de l’histoire de la santé publique dans le monde contemporain qui est son institutionnalisation internationale à travers l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Dans ce contexte très large, j’ai choisi un point d’appui précis, étroit en apparence : les programmes d’éducation sanitaire de l’OMS. Curieusement, ce domaine d’action de l’organisation est très peu étudié alors même qu’il représente une part importante de son activité. L’intérêt de la recherche s’est plutôt porté sur le recours à des instruments contraignants : il est vrai que la gestion des quarantaines – pratique visant à isoler les individus et à les soumettre à des examens et des mesures sanitaires au nom d’un intérêt commun pour la protection contre les épidémies – est à l’origine des premières conférences internationales dans le domaine sanitaire3 . On suppose également qu’ils renvoient à une conception classique de l’Etat comme force de contrainte et de ce fait qu’ils ont été plus simples à comprendre dans le cadre classique de la théorie de l’Etat comme puissance d’autorité. L’éducation sanitaire se donne au contraire pour objectif d’inciter les individus à adopter des comportements jugés favorables à la santé. Peut-être moins spectaculaire en apparence, elle n’en est pas moins un outil de contrôle des individus, même si elle ne passe pas par la coercition. Si on considère la création d’un Département Education Sanitaire de la Population dès les premières années d’existence de l’OMS, on doit alors s’interroger sur ce processus qui inscrit le recours à l’éducation sanitaire dans une dynamique d’institutionnalisation internationale.

Author: Nizeyimana Jean Baptiste,Zongo Jean MarieMoussa Issa Lende

Download Full Article

© 2021 The Author(s). Published in  RUFSO Journal Article,Volume 26